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INFRASTRUCTURE & CIM
Christophe Phanouvong commence par rappeler que selon une étude réalisée par Mac Kinsey, le secteur de la construction est l’un des secteurs les moins digitalisé du monde juste devant l’agriculture et la chasse. Il présente ensuite la stratégie digitale & BIM chez Arcadis, une société internationale d’ingénierie et de conseils en infrastructure, bâtiment, immobilier et environnement dans laquelle il est lead BIM pour la France.
Arcadis a décidé d’utiliser le numérique pour optimiser ses processus de travail et gagner en qualité. Il souligne qu’une stratégie digitale est indispensable pour rester compétitif dans le secteur de la construction qui est très concurrentiel. La digitalisation est un sujet qui fait partie de ce qu’on appelle les megatrends (grandes tendances) avec l’urbanisation, les changements climatiques, les attentes sociales qui ne sont pas traités aujourd'hui avec des solutions durables et partagées à grande échelle pour améliorer la qualité de vie de tous.
Arcadis a décidé de passer au 100% BIM d’ici 2023 en réalisant tous ses projets en BIM niveau 2 (BIM collaboratif). Actuellement en France, 80% des projets d’Arcadis sont réalisés en BIM, il s’agit d’être prêt à évoluer avec les nouvelles tendances technologiques et notamment le jumeau numérique.
Christophe Phanouvong présente ensuite un projet CIM (du BIM à l’échelle de la ville), l’écoquartier de Chatenay-Malabry. Sur une parcelle de 20 hectares, le projet consiste à créer un écoquartier de 2’200 logements avec des bureaux, des commerces, des équipements publics, un collège, un gymnase, des parkings et des espaces publics généreux et végétalisés. La taille de l’opération ajoute une complexité supplémentaire au projet, la réalisation du chantier est divisée en 3 grandes phases.

Le rôle du CIM manager est de gérer les interférences entre les paysagistes, les lots VRD, l’aménagement urbain, les terrassements et les infrastructures routières. Il gère la configuration des modèles des différents lots, donne les règles de modélisation, rédige les tables attributaires des objets et vérifie les données.
L’objectif est de réaliser une maquette numérique du quartier dans laquelle tout s’imbrique parfaitement, comme un grand puzzle, pour y insérer les modèles des bâtiments des différents lots immobiliers privés. La coordination spatiale et les interférences des modèles des bâtiments sont gérées en amont par des BIM managers. Le CIM manager rédige la convention technique CIM, un protocole d’échanges CIM-BIM. Il pilote et accompagne la démarche CIM de l’ensemble du projet.
Christophe Phanouvong donne ensuite quelques clés pour bien démarrer un processus CIM, il faut commencer par se poser les bonnes questions :
- Pourquoi ? Quels sont les objectifs du projet ? Ces objectifs sont présents dans le cahier des charges du client
- Avec quoi ? Quels usages CIM mettre en œuvre sur le projet pour atteindre ces objectifs ?
- Comment ? La convention technique CIM doit définir les processus, les outils et les méthodes permettant de mettre en œuvre les cas d’usages CIM du projet
Christophe Phanouvong précise que s’il réalisait le même projet aujourd’hui, il le démarrerait avec une base SIG car les connecteurs entre les produits SIG (Esri) et BIM (Autodesk) sont aujourd’hui plus performants.
Christophe Phanouvong présente ensuite un projet d’infrastructures, le projet de la 3 eme ligne du métro de Toulouse. Le projet comprend 27 km de lignes, 21 stations majoritairement souterraines et 5 km de viaducs, dont deux ouvrages particuliers, une traversée d’autoroute, une traversée de voies ferrées et 4 stations aériennes.

Le Maitre d’Ouvrage a fait de la mise en place du BIM sur le projet une priorité, il a fait rédiger un Cahier des Spécifications BIM Détaillées (CSBD) regroupant ses exigences et ses objectifs. Arcadis a pu rédiger les conventions BIM du projet des viaducs grâce à ce document chapeau.
La production BIM ainsi que la coordination ont été réalisé entièrement sur le cloud d’Autodesk BIM360 et la gestion documentaire sur la plateforme Mezzoteam. Au démarrage du projet, le premier défi a été de modéliser entièrement l’environnement des viaducs avec des données d’entrées aux formats divers, le logiciel choisi pour l’assemblage de ces données a été Infraworks.
Selon la volonté du client, le projet est réalisé en OpenBIM, le format IFC2x3 est utilisé pour le moment, en attendant la sortie en 2022 de l’IFC 4.3 fait pour l’infrastructure. Le format IFC permet d’assurer l’interopérabilité entre les différents logiciels de modélisation : Revit, Archicad, Infraworks, Covadis, Sofistik Bridge Modeler etc. Cependant, Christophe Phanouvong précise qu’il reste encore des problèmes dans les flux de travail en OpenBIM, tout d’abord, car l’IFC 2x3 ne contient pas de classes IFC dédiées aux éléments d’infrastructures et également car les échanges entre les logiciels BIM et les logiciels SIG sont pour l’instant seulement unidirectionnels. La sortie de l’IFC 4.3 devrait grandement améliorer ces flux de travail et l’interopérabilité dans l’avenir.
Site internet : https://www.arcadis.com/fr-fr
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